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Débattons en paix
26 mai 2012

Valeurs chrétiennes, valeurs de gauche

Peu de temps après l'élection de François Hollande, j'ai entendu sur RCF la rubrique d'un prêtre , qui, tout en appelant à la confiance en Dieu face aux projets les plus choquants annoncés par François Hollande (euthanasie, mariage homosexuel) nous appelait aussi à nous réjouir de cette élection. Passons sur la forme, que j'ai personnellement perçue comme insultante envers le citoyen de droite.

Ce qui m'intéresse ici, c'est la contradiction relativement courante entre le paraître et l'être. Elle ne vous saute pas aux yeux ? Je m'explique. Prenez le temps de lire sans a priori.

En résumé, ce prêtre disait : les valeurs de gauche sont très proches des valeurs chrétiennes, même si les gens de gauche s'en défendent. Réjouissons nous de voir les valeurs chrétiennes mises au premier plan par les projets de notre nouveau président.

Cette idée appelle une réflexion un peu plus approfondie.

1) Quelles sont les valeurs chrétiennes que ce brave père qualifie de gauche ? Explicitement, il a cité la compassion et le respect envers les pauvres. Mais est-ce vraiment une valeur de gauche ? Le respect universel, envers tous, y compris les criminels et les violeurs n'est-il pas partagé par tous les hommes en charge de responsabilités publiques ? Non, ce n'est pas une valeur spécifiquement de gauche. Je peux en témoigner, les noms d'oiseaux fusent de toutes parts, y compris de gauche, lorsqu'au Conseil Municipal on discute des problèmes d'incivilités, quand ce n'est pas de vraie délinquance, auxquels nous devons faire face. Mais à l'inverse, face au juge ou au Conciliateur, le Maire de gauche ou son adjoint de droite ont le même sens de la retenue : le gamin qui est en cause doit être recadré, il ne doit pas être enfoncé. Symboliquement, nous demandons réparation des frais qu'il nous a occasionnés, mais en réalité, nous nous limitons à peu de chose, sachant que ni lui ni sa famille ne serait en mesure de réparer l'intégralité du préjudice. Le Maire de gauche comme son adjoint de droite ont alors le souci de l'avenir de ce jeune à la dérive : qui va le suivre, l'aider à se reconstruire ? Donc pour conclure ce premier bloc : non, l'attention à l'autre, qu'il soit pauvre ou riche, délinquant ou honnête homme, n'est ni de gauche ni de droite. Elle est assez largement partagée par tous les responsable politiques, de gauche comme de droite.

2) Souvent, nos options politiques sont marquées par une part de tradition.

Chez les gens de gauche, cette part de tradition s'appuie sur les "luttes" que nos ancêtres ont menées pour obtenir des droits nouveaux. Le politique de gauche se veut à la tête des mouvements humanistes.

Chez les gens de droite, cette part de tradition s'appuie souvent sur l'héritage d'une oligarchie chrétienne qui se décarcasse pour le bien commun. Le politique de droite se veut responsable et sage face à un peuple présumé par nature divisé et versatile.

Mais l'humanisme n'est pas plus de gauche que la sagesse et le sens des responsabilités ne sont de droite.

Les valeurs chrétiennes sont implicitement contenues dans le sens des responsabilités que s'auto-attribue l'homme de droite. Il ne se veut pas responsable pour dominer, encore moins pour s'en mettre plein les poches. Il se veut responsable car, un peu par orgueil, un peu par réalisme, il sent qu'il a reçu des capacités et qu'il a le devoir de les mettre au service de la collectivité.

De même, le sens des responsabilités est implicitement contenu dans l'humanisme que s'auto attribue l'homme de gauche. On ne peut pas agir en humaniste sans réfléchir aux conséquences de ses actes. L'homme de gauche veut partager, non par haine du riche, mais par compassion envers les plus faibles.

Conclusion : les hommes politiques, qu'ils soient de gauche ou de droite, ne sont ni des irresponsables ni des égoïstes qui défendent les intérêts d'une minorité de nantis.

3) Paraître ou être ? Pour bien faire comprendre le fond de ma pensée, je vais caricaturer un peu, forcer le trait :

L'homme de droite traditionnel est profondément marqué par les valeurs chrétiennes, elles sont à la base de son engagement politique, comme les valeurs humanistes qu'elles impliquent. Il ne ressent pas le besoin d'en parler car ces valeurs vont de soi. Il est humaniste par nature et ne cherche pas à paraître. Naïvement, il croit qu'être suffit et que paraître est donc inutile.

A l'inverse, il me semble que l'homme de gauche traditionnel "bouffe du curé" et se sent obligé de se positionner par rapport à ces mêmes valeurs chrétiennes. Il ressent le besoin de les faire partager, un peu comme s'il craignait que son anticléricalisme soit compris comme un refus de ces valeurs. Il ressent le besoin de paraître face à cette contradiction fondamentale : il condamne le christianisme mais fonde son humanisme sur les valeurs chrétiennes

Conclusion : L'homme de droite est un humaniste imprégné des valeurs chrétiennes. Il baigne dedans comme le poisson dans l'eau, sans même s'en rendre compte. Au point qu'il lui semble dérisoire d'en parler, prétentieux de le dire.

L'homme de gauche n'est pas moins humaniste, au sens chrétien du terme, mais il ressent le besoin de le dire, de paraître. Il lui semble naturel et nécessaire de le dire.

 

Il y a entre le politique de gauche et le politique de droite une différence, par rapport aux valeurs chrétiennes : dans l'industrie, on parle parfois de la différence entre le Savoir Faire et le Faire savoir.

 

Tout est là.

 

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Commentaires
A
Je viens de modifier ce post. On vient de me faire remarquer, à juste titre, que j'étais loin du "cool politique" que j'invoque comme justification même de l'existence de ce blog. Un message écrit sous le coup de la colère, un nom cité, une phrase assassine, et cela reste car le temps passe et que je ne relis que rarement, plus tard, ce que j'ai écrit.<br /> <br /> J'en demande pardon au prêtre concerné.
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M
Je suis au moins d'accord avec Lucifer sur un point : on ne peut pas être catégorique sur cette question. Merci pour ce commentaire, Nous ne sommes pas d'accord sur la conclusion, mais nous sommes ici en pleine subjectivité, et l'analyse de Lucifer, même avec sa part de subjectivité, est intéressante.<br /> <br /> <br /> <br /> A mon avis (mais on est là encore dans le subjectif) Jésus ne fait pas fi des autorités. "je ne suis pas venu pour abolir la Loi", "Rends à César ce qui est à César" ; il se place sur un autre plan ("mon royaume n'est pas de ce monde") et place la loi inscrite dans le cœur, et annoncée par Elie si je ne me trompe, au-dessus de la loi inscrite sur le papier.Je ne crois pas qu'il soit pertinent de parler d'un Christ subversif. Sauf à dire, ce qui est souvent vrai, surtout face aux totalitarismes et aux bien-pensances, que toute parole libre est subversive.
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L
Je ne pense pas qu'on puisse être catégorique sur cette question. Sociologiquement, la plupart des chrétiens pratiquant sont de droite, et cependant d'aucun font remarquer que les valeurs fondamentales du christianisme se retrouvent d'avantage à gauche. La raison ne vient-elle pas de l’ambiguïté du christianisme lui-même ? <br /> <br /> <br /> <br /> Comme religion, le christianisme véhicule des valeurs traditionnelles et ce en tant que tradition qu'il s'adresse à l'électeur conservateur (voire réactionnaire).<br /> <br /> <br /> <br /> Cependant, replacées dans leur contexte historique, les idées du Christ sont proprement progressistes dans la mesure où elles font fi des autorités religieuses (juives) et politiques (romaines) et défendent des idées en avance sur leur temps (notamment sur les femmes).<br /> <br /> <br /> <br /> Le message du Christ est ambivalent dans la mesure où il a été en son temps un message au caractère réellement révolutionnaire (pourquoi aurait-il été crucifier sinon ?) qui, ayant mal vieilli, devient un dogme conservateur.<br /> <br /> <br /> <br /> Si vous recevez le message du Christ de manière absolue ; vous êtes de droite, et pour vous seul son message en tant que tel à de la valeur. Si vous l'interprétez relativement à une époque, à un contexte ; vous êtes de gauche, et pour vous seul l'esprit de son message compte. Il doit être retranscrit, transposé, pour être aussi subversif qu'il y a 2000 ans.<br /> <br /> <br /> <br /> Je stoppe l'analyse que j'ai voulue objective jusqu'ici pour ajouter que selon moi, le Christ aujourd'hui brandirait le drapeau des opprimés, qu'il ne se retrouverait pas dans l'Église actuelle, et encore moins à droite. Jésus s'est fait clouer vivant sur une croix par des mecs de droite, fidèles à la tradition.
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