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Débattons en paix
25 mars 2014

Rappel : le fascisme n'est pas de droite !

Le fascisme serait de droite ? A force d'entendre répéter ce poncif mensonger, je crois opportun de rappeler la réalité historique.

Un homme, marxiste, Curzio Malaparte, s'est battu contre le fascisme après y avoir participé. En 1922, lui-même encore membre du parti, il en a présenté la violence et le caractère marxiste à l'écrivain anglais Israel Zangwill. Il a dénoncé les actes de Mussolini alors même qu'il était en Italie, encore membre du parti fasciste et que Mussolini était au pouvoir (1929, Monsieur Caméléon), puis provisoirement réfugié en angleterre en 1931 (Tecnica del colpo di stato), ou retourné en Italie (1939 : revue antifasciste "Perspective", 1940 : Il sole e cieco). 

mala

credit photo : papalepapale

En 1931, dans Tecnica  del colpo di stato, il écrit : (reférences : Technique du coup d'état, cahiers Rouges, Grasset, dépôt légal mai 2008)

page 164 : "Mussolini lui-même n'est ni végétarien, ni christian scientist, ni social-démocrate. Son éducation marxiste ne lui permet pas certains scrupules tolstoïens (....)  Il ne faut pas oublier que les chemises noires proviennent, en général des partis d'extrême gauche, quand ce ne sont pas d'anciens combattants, dont quatre années de guerre ont durci le cœur, ou des jeunes gens aux élans généreux."

page 179 : "ce n'est pas le programme de 1919 qui révèle l'éducation marxiste de Mussolini ; c'est la conception de la technique du coup d'état fasciste, la logique, la méthode, l'esprit de suite avec lequel il s'applique." Là, Malaparte sait de quoi il parle, lui qui a été un temps séduit par ce programme qu'il a soutenu en 1920.

page 181 "la lutte contre la bourgeoisie était beaucoup plus populaire chez les fascistes que la lutte contre le prolétariat".

On retrouve la même idée d'un fascisme plus de gauche que de droite dans "storia d'Italia, volume XXXIX l'Avvento des fascismo" de Indro Montanelli (ed BUR, 4 octobre 1978)

Parlant de Mussolini, à propos de la formation de son gouvernement : "Mais son effort majeur fut de se soustraire rapidement à toute influence de droite. Tous étaient convaincus qu'il aurait fait appel à Salandra pour se garantir l'appui des forces conservatrices. Mais lui n'envisagea même pas cette éventualité"

Le Fascisme a, dans un premier temps, été bien accepté par l'ensemble de la population et des partis politiques italiens. "Le pays, dans sa grande majorité, avait accepté le fait accompli avec un soupir de soulagement. Il était fatigué. Trois années de guerre civile lui avaient inspiré un seul désir : l'ordre, et le fascisme le promettait. Il ne se souciait guère de la liberté, vu l'usage qui en avait été fait durant trois  ans..." selon Montanelli. Giolitti, homme politique de gauche, dira dans une lettre à des amis qu'il ne faut pas géner Mussolini, "qui a tiré le pays de la fosse dans laquelle il il finissait de pourrir". Le libéral Francesco Salverio Nitti dira "Il faut que l'expérience fasciste de déroule sans être dérangée : aucune opposition ne doit venir de nous". Filippo Turati, créateur en 1922 du Parti Socialiste Unifié considérait quant à lui que seul Mussolini pouvait obtenir la pacification après la guerre civile.

 

Si le parti fasciste est de gauche, voire d'extrème gauche, pourquoi et comment l'a-t-on classé "de droite" ?

Là, ce ne sont plus des faits, c'est une opinion.

D'une part, alors que Lénine et Trotsky commençaient une dispute qui aboutira un jour à l'assassinat du deuxième, Mussolini est plus proche de Trotsky que de Lénine : d'abord prendre le pouvoir, par la force. Pour cela, il utilisera une technique proche de celle employée par Trotsky le 24 octobre 1917. L'occupation des points stratégiques (gare, centraux téléphoniques, centrales électriques...) permet de couper les autorités de leurs bras armés, de les rendre impotentes. Mussolini, trotskiste, s'est battu contre les communistes léninistes, autant que contre la bourgeoisie. Avec d'autant plus de violence qu'ils étaient ses concurrents.

Ensuite, le président du Conseil, Giolitti (homme de gauche) a tenté une "parlementarisation" du fascisme : en proposant au parti fasciste de participer à une coalition gouvernementale, il a cru pouvoir le détourner de son objectif de prise de pouvoir par la force. C'était une erreur, Mussolini n'a jamais renoncé à l'idée de prendre le pouvoir, tout le pouvoir, même au prix d'un coup d'état. On trouve aujourd'hui parfois (sur wikipedia par exemple) l'affirmation selon laquelle Giolitti aurait poussé le parti fasciste vers le pouvoir. Selon Malaparte, témoin direct de l'époque, Giolitti a tenté et raté une stratégie destinée à embobiner Mussolini.

Giolitti

credit photo : site Giovanni Giolitti

Enfin à la fin de la guerre, la machine de propagande communiste a fonctionné à plein. En France, c'est le "parti des fusillés", comme si les Français fusillés par les Allemands étaient tous des communistes. En Europe, c'est la propagande contre le pape Pie XII, anticommuniste notoire, que les communistes feront passer comme "le pape de Hitler" alors même que les Juifs venaient de l'honorer pour son courage dans la lutte contre le Nazisme et ses efforts pour protéger la population juive contre la shoah.

PiusXII12

crédit photo : Amour et Vérité

En Italie, le risque trotskiste n'existait plus face au communisme, la droite, du fait même de son inexistance pendant la guerre, risquait de sortir renforcée : il a fallu assimiler le fascisme à la droite. Par le mensonge. La machine communiste a probablement fait une intense propagande sur ce même thème pour faire oublier que les fascistes étaient avant tout des marxistes. Et ça a marché.



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