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Débattons en paix
19 décembre 2012

Instruction des enfants : En faire de robots ou leur donner des outils ?

Il y a quelques années, j'avais lu un article dans lequel un membre du Conseil Supérieur de l'Education  expliquait que, autrefois (quand j'étais moi-même écolier) on passait trop de temps à donner des automatismes aux enfants, on en faisait des robots, on ne leur apprenait pas à réfléchir...

Aujourd'hui, j'enseigne depuis dix ans, et je mesure l'erreur énorme que nous avons faite en supprimant cette programmation d'automatismes dans le cerveau de nos jeunes.

Car quand j'étais lycéen, en math en classe de seconde, on apprenait à réfléchir pour comprendre la logique combinatoire, son intérêt dans la démonstration, que cette démonstration soit mathématique , philosophique ou physique. Aujourd'hui, nos élèves de seconde sont obligés de réfléchir longuement pour répondre à la question : si 3 L de granite ont une masse de 8,1 kg, quelle est la masse de 4 litres de granite.

Dans les petites classes, avant le CM1, nous avions acquis un automatisme : 

"si 3L pèsent 8,1 kg, 1 L pèse 3 fois moins, donc 8,1:3 : 2,7 kg"

"4 L pèsent 4 fois plus, donc 4 x 2,7 = 10,8 kg"

On appelait ça la "règle de trois"

Oui, c'est un automatisme et je ne réfléchis pas vraiment à la signification réelle. Mais je connais à l'arrivée, sans effort, la réponse à la question posée. C'est déjà important, et cela vaut mieux que la situation de nos grands dadais qui, à 15 ans, sont empêtrés dans un problème que les petits de 9 ans savaient résoudre de notre temps. Etions nous pour autant de "robots" ?

A chaque âge suffit sa peine. L'enfant qui a acquis des automatisme à 9 ans a déjà appris à réfléchir en d'autres occasions. Lui faire acquérir des automatismes n'empêche pas des activités d'éveil et de réflexion. Mais surtout, ayant acquis ces automatisme, il peut tourner son intelligence vers la solution de problèmes plus complexes et plus intéressants.

Autre automatisme : l'orthographe et la lecture. Quand on est formaté aux règles de l'orthographe et de la grammaire, on lit vite. On lit vite car on décode sans y réfléchir toute la richesse des informations présentes dans un texte et qui s'expriment à travers l'orthographe, la grammaire et la syntaxe. A l'inverse, la plupart de nos jeunes ne maîtrisent pas l'orthographe ni la grammaire. Celui qui ne sait jamais s'il doit écrire "ces" ; "ses" ; "c'est" ; "s'est" ; "sais" ; "sait", celui-là est obligé de relire et réfléchir pour comprendre le sens précis de certaines phrases. Nos jeunes n'aiment pas lire parce que cela les fatigue. Ils ne sont pas plus fainéants que nous ne l'étions à leur âge : on a oublié de leur donner les automatismes qui feraient d'eux de vrais lecteurs. M. Foucambert porte une lourde responsabilité en la matière. Passer des années à déchiffrer les hiéroglyphes est certe intéressant, mais être capable de lire un texte sans se fatiguer est bien plus utile !

Dernier automatisme : la mise au travail. Sous prétexte de ne pas traumatiser nos petits, on passe doucement du confort maternel au labeur scolaire. On y va tout doucement, sans heurt. Malheureusement, l'habitude perdure. Au Lycée, il y a de nombreux élèves qui en sont encore là. La mise au travail n'étant pas un automatisme, ils doivent faire un effort difficile pour s'y mettre.

Dans le cadre de la refondation de l'Ecole, pourrait-on se rappeler que les grands sportifs ont automatisé les gestes que les petits sportifs sans avenir comme moi doivent préparer et réfléchir à l'avance pour espérer prendre un peu de plaisir dans le sport ? Pourrait-on comprendre que les automatismes sont d'abord un moyen d'aller plus loin dans la performance, dans le plaisir, et cela avec un effort réduit ?

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