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Débattons en paix
13 mai 2012

Réactions épidermiques

Je pensais ce matin à X, que je ne citerai pas.

X est égocentrique, exigeant, agressif.

Non, c'est faux. La réalité est que, dernièrement, j'ai fait la connaissance de X., que j'ai perçu comme égocentrique, exigeant, agressif... C'était, de ma part, une réaction "épidermique".

Vous connaissez tous ça. Face à l'inacceptable, on en vient à se révolter sans même réfléchir. Et je me propose d'analyser cette réaction épidermique sous deux angles : l'angle physiologique et l'angle spirituel.

Vision physiologique

Je ne suis pas un spécialiste du cerveau, mais j'ai retenu de mes nombreuses lectures sur le sujet que, pour faire simple, le cerveau est constitué de trois couches successives :

le "reptilien", commun à tous les vertébrés, y compris les plus simples. C'est le siège de tous les réflexes innés : fuir devant certains dangers, s'immobiliser devant d'autres, téter pour les jeunes mamifères, quand on est carnivore, agresser le plus faible pour le bouffer...

le "limbique", siège des réflexes acquis. Il a, chez les grands mamifères, surtout chez l'homme, une importance énorme.

Les réactions épidermiques sont générées par le reptilien et le limbique. Elles sont très rapides, non réfléchies, puissamment ressenties comme "naturelles". Elles conduisent à "s'indigner", comme la mode nous y pousse.

Le "Néo Cortex", peu développé chez la plupart des mamifères, très développé chez l'homme. C'est celui de la réflexion libre quand le limbique est celui de la manipulation : par la répétition d'images et d'idées bien choisies et bien assemblées, on peut vous pousser à réagir de manière conforme aux attentes des manipulateurs.

L'intelligence, c'est-à-dire la capacité à comprendre, s'appuie sur l'ensemble des trois couches. Le limbique saisit l'essentiel de la situation à comprendre en un éclair (les matheux me comprendront : face à un problème, souvent, sans trop savoir pourquoi, on connaît les grandes lignes de la solution). Puis le néo cortex va analyser, finement mais lentement, la situation, il va examiner successivement différentes hypothèses, dont celles intuitives données par le limbique, et aboutir à une compréhension fine du problème.

 

La Situation qui m'intéresse ici : X m'a demandé de lui rendre service, je l'ai fait et j'y ai mis tout mon cœur. Au retour, je conduisais et j'ai dû faire un détour qui nous a retardés de 5 minutes. X m'a reproché ce retard, et, quand je l'ai déposé, son "merci" était dit sur le même ton qu'un "allez vous faire voir". Je vous ai dit, en introduction, ma réaction, épidermique.

"Néo-corticalisons" l'analyse, comme dirait M. Magnin :

X était très en retard. X avait un rendez vous ce soir là. Je n'étais pour rien dans ce premier retard, mais X était déjà stressé, profondément inquiet. Ses enfants l'attendaient. Mon détour, aussi minime soit-il, l'a achevé. Comment aurais-je réagi à sa place ? Peut-être pas mieux. Alors pourquoi lui en vouloir ?

X était en colère contre la malchance, pas contre moi, mais j'étais le seul à entendre sa colère et je l'ai prise pour moi.

Pourquoi je parle de ça aujourd'hui dans un blog "politique" ? Parce que, pensant à cela, ce matin, j'ai senti tout ce que ce mini conflit avait de symbolique. Face à toute situation, y compris et surtout au niveau politique, on se doit d'essayer de comprendre l'autre avant de porter le jugement épidermique qui vient si naturellement. Ne pas se laisser dominer par la réaction épidermique qui vient, comme quand M. Hollande laisse entendre que la droite serait le parti des riches. Prendre du recul. Pourquoi dit-il cela, au-delà des intentions électoralistes ? Pourquoi ça marche si bien ? (j'ai une réponse à proposer, mais pas ici). Comment permettre un dialogue constructif avec mes opposants plutôt qu'une confrontation stérile ?

Vision Chrétienne

X a peut-être eu une réaction égoïste et agressive. Mais X comme moi-même est "enfant de Dieu", et le Christ nous invite à vivre une relation fraternelle.

La relation fraternelle n'exclut pas les disputes, loin de là, mais elle implique le Pardon. X ne se réduit pas à son attitude d'un jour, comme je ne me réduis pas à mes nombreuses erreurs.

Dans cette situation, le vrai Chrétien demande pardon pour sa propre réaction et pardonne à X. Et si demain je vais voir X et lui dis : pardonnez moi pour la dernière fois, je n'avais pas compris l'importance de votre rendez-vous, j'aurais fait un grand pas.

Vision chrétienne à l'attention des athées : peut-être que le Christ avait tout compris du fonctionnement du cerveau humain et qu'il a donné une interprétation compréhensible par les gens de son époque ? Serait-il le premier neuro-psychologue de l'Histoire ? :) 


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